2. Sur les bancs de l'école

Dans le rang comme un soldat, un condamné à mort,
Avec mes petits bras, avec mon petit corps,
Avec mes culottes courtes d'éducation physique,
Avec mes souliers de course, j'attendais le verdict.

Il y avait Marlène d'un bord. Marlène la géante,
Une vraie bête de sport, une mauvaise perdante.
Et puis il y avait Sonia, une sosie de Marlène,
Construite comme un gars, elle aussi capitaine.

C'était ces deux filles-là, enfin ces deux gorilles
Qui se divisaient le tas, de porteuses d'espadrilles,
Par ordre de meilleure attrapeuse de ballon.
Moi le ballon me faisait peur; je l'attrapais dans le front.

Dans le rang il y avait plus que moi et que Marie-Philippe :
Les deux vilains petits rats au pied des deux équipes.
Les deux grandes finalistes de ce concours cruel,
Et finalement la Miss Rejet, c'était pas elle.

Quelle humiliation d'être le dernier choix.
Je cherchais la façon de rentrer dans le plancher de bois
Alors que mon prénom provoquait ce soupir,
Ce général « Oh non » qui me faisait mourir.
Bien sûr au grand malheur de ma sympathique équipe,
Il y a le gentil professeur qui voulait que je participe.
C'est là que Sonia disait: « Ok Lynda vas-y »
Et c'est là que je quittais mon petit banc chéri.

A peine entrée dans le jeu, quelqu'un disait « Attrape ! »
Et là je fermais les yeux et j'attendais que ça frappe.
Et quand je saignais du nez, je poussais comme un grand cri de joie
Avant d'aller m'asseoir à l'infirmerie.

Tout ça au grand plaisir de mes copines de classe,
Qui étaient, pas besoin de vous le dire, ravies que je débarrasse.

Là c'était de soulagement qu’elles soufflaient un soupir
Un général « Va t'en ! » qui me faisait mourir...